Lors du salon "Musicora 99", le G.P.F.O. voulut exposer un Grand'Orgue d'église, comme le faisaient les facteurs au XIX° siècle. Il a choisi l'orgue que Rémy MAHLER était en train de fabriquer pour Saint Etienne de Baïgorry.
Mme Catherine TRAUTMANN, Ministre de la Culture, est venue sur le stand pour inaugurer l'orgue. |
Le texte ci-dessous, qui présente la manifestation et l'orgue, est une copie aussi fidèle que possible de l'article paru dans "Les Facteurs d'Orgues Français", revue éditée par le Groupement Professionnel des Facteurs d'Orgues (GPFO), dans son numéro 23.
1900. La Maison Cavaillé-Coll - Mutin présente à l'Exposition Universelle de Paris un grand orgue de 32', qui fait aujourd'hui la fierté du Conservatoire de Moscou. Depuis, pas un seul grand orgue n'avait participé à une exposition de ce genre en France. Depuis quelques années, l'idée de renouer avec cette pratique prestigieuse, qui permettait aux meilleurs facteurs d'orgue du XIXème siècle de présenter au grand public la fine fleur de leur production, germait dans l'esprit de professionnels et d'amoureux de l'orgue. MUSICORA 1999. C'est chose faite, et l'opération est pleinement réussie pour le Groupement Professionnel des Facteurs d'Orgues, qui a eu le courage d'exposer un orgue d'église à ce Salon International de la Musique. Menacée par la baisse des commandes publiques et la concurrence des ersatz ("les orgues" électroniques), cette profession a voulu faire une démonstration de l'excellence de son savoir-faire, et de la beauté irremplaçable de l'orgue à tuyau traditionnel. Le G.P.F.0. avait donc choisi un instrument spectaculaire : celui construit pour l'église basque de BAÏGORRY. Ce « bijou », pesant plusieurs tonnes, mesurant sept mètres de haut, trôna durant cinq jours sur la mezzanine de la Grande Halle de la Villette, où ses sculptures dorées brillant au soleil et son meuble polychrome, vert et fauve, attiraient tous les regards. Arrivés au pied de l'instrument, les visiteurs pouvaient toucher sa console décorée d'incrustations de cuir rouge et de loupe d'orme, caresser le pupitre en ronce de noyer, observer le mécanisme interne de l'instrument qui sentait bon l'huile de lin soigneusement appliquée, et les deux soufflets de 300 kg chacun. Le créateur de cet instrument est Rémy MAHLER, facteur d'orgues à Pfaffenhoffen.
Né dans une famille de mélomanes , c'est en accompagnant son père (chef de la chorale paroissiale et directeur de la fanfare de son village) à la messe chaque dimanche, qu'il tomhe amoureux de l'orgue. Fasciné par cet instrument, il entre en apprentissage à l'âge de 19 ans dans un des principaux ateliers alsaciens: la Maison MUHLEISEN. Il y restera 10 ans : «le temps qu'il faut pour maîtriser cet artisanat de haute précision». Il y apprend toutes les règles du métier et se fait déjà remarquer par ses talents de concepteur.
Animé du même esprit d'entreprise que son père, qui fonda la fabrique de jus de fruit«CIDOU», Rémy MAHLER saute le pas et se met à son compte en 1985. Les débuts sont difficiles: il faut s'équiper en machines-outils, trouver des clients qui fassent confiance à un nouveau venu. Il commence seul, s'installant provisoirement dans une grange, puis dans le garage familial. Quelques années plus tard, il parvient à racheter les locaux d'une ancienne fonderie du village de Pfaffenhoffen. Il y possède maintenant une vaste surface d'atelier, et emploie 9 personnes, ce qui le classe parmi les principales maisons françaises.
L'Atelier MAHLER travaille selon une philosophie bien particulière, alliant l'exigence, le purisme et l'inventivité. L'examen attentif des orgues historiques allemands a permis à Rémy MAHLER de retrouver des styles et des savoir-faire oubliés ou délaissés, ce qui lui fait affirmer simplement : «Lorsque j'ai le choix entre deux techniques, je choisis toujours la plus belle».
DESCRIPTION DE L'INSTRUMENT 1) BUFFET :
c) Toutes les flûtes sont en bois, ainsi que les anches Posaune 16', et basses de Trompete 8', gouttières comprises. d) La tirasse de pédale n'est pas telle qu'on la connait, par mécanique sur clavier, mais par soupapes dans le sommier du Hauptwerk.
4) LA MECANIQUE.
Les tuyaux ouverts sont coupés au ton, les bourdons à calottes soudées, sauf le quintathon, muni de calottes mobiles pour permettre son accord sans dénaturer son harmonie. Le posaune de 16' a des pavillons en épicéa et les gouttières en bois de poirier sont recouvertes de peau. Les languettes en étain sont d'alliage à l'ancienne et martelées. La voix humaine est une copie d'un modèle de Stumm. Les tuyaux en bois sont en épicéa dans les basses, en chêne et poirier dans le médium et dessus. Les lèvres inférieures sont réalisées selon la méthode Hasenmeyer et Metzler, ce qui permet une grande stabilité de l'harmonie, et des attaques et couleurs sonores très riches. Le traitement particulier de ces registres (colle chaude, huile et différentes autres interventions) sont d'un usage peu connu en France.
6) HARMONIE:
L'association " ORGUE EN BAÏGORRY" a laissé une liberté totale à Rémy MAHLER : pas de cahier des charges, pas d'expert, si bien que la conception de l'ouvrage a pu évoluer au cours des travaux.
Pour réaliser une oeuvre hors du commun, il fallait un artisan exceptionnel. L'Atelier Rémy MAHLER y a apporté toute l'expérience et le savoir-faire qu'il a acquis dans la restauration d'orgues anciens en Allemagne et en Alsace et la construction de grands instruments.
Cet orgue embellira la superbe église basque de BAÏGORRY en enrichissant le patrimoine du village. Il soutiendra le chant communautaire et rehaussera la vie liturgique de la paroisse. Il complétera l'animation musicale de la vallée (concerts, stages etc.) comme instrument soliste ou accompagnateur. Il permettra de développer l'enseignement d'un instrument traditionnellement très apprécié au Pays Basque et dans le département. Il témoignera, devant les générations futures, de la vivacité de notre culture en cette fin du XX° siècle et de la compétence d'un facteur d'orgues contemporain, perpétuant les traditions ancestrales.
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