Depuis 1985, notre atelier s'est surtout fait connaître par ses créations d'orgues neufs, allant du positif modulable au grand orgue d'église d'une trentaine de jeux (même s'il nous arrive aussi d'œuvrer dans le domaine de la restauration : en particulier des orgues alsaciens ou lorrain du 19° siècle.) Les instruments neufs réalisé dans notre atelier s'inspirent généralement de la riche palette sonore de l'orgue baroque et classique d'Allemagne du Sud. Afin de ne pas limiter notre production à cette esthétique, nous avons réalisé quelques instruments davantage influencés par la facture classique française (par exemple à Karlsruhe, Neckarhausen, ou Challans). Dans ce cas, ce sont les œuvres des Silbermann strasbourgeois (André et son fils Jean André) qui ont servi de source d'inspiration, librement ré-interprétées






Chacun de nos instruments a toujours été un creuset pour la recherche de mécanismes et de sonorités se situant dans la lignée d'une facture classique et robuste, permettant l'interprétation d'une grand part de la littérature musicale. Nous accordons beaucoup d'importance à ces recherches qui nous permettent de nous renouveler en permanence.






Ainsi, nous avons été des précurseurs dans le choix de réaliser de nombreux registres de jeux de fonds avec des tuyaux en bois. Nous avons ainsi développé, pour le grand orgue d'église, ces couleurs sonores si particulières jusqu'alors souvent réservées aux orgues de continuo. Mais ici le traitement de l'harmonie n'est évidemment pas comparable avec ce qui se pratique couramment pour les orgues positifs, aux sonorités plus confidentielles.






Nous ne pratiquons pas les jeux baladeurs, qui obligent le musicien à faire le choix restrictif de les utiliser tantôt sur un plan sonore, tantôt sur un autre. A ce système, nous préférons celui que nous avons mis au point à partir des pratiques des facteurs baroques Trost et Casparini. Ce système, dont nous avons l'exclusivité, permet l'utilisation des tuyaux de façon indépendante sur plusieurs plans sonores à la fois, sans contrainte d'exclusion (c'est à dire qu'un même registre peut parler simultanément sur un clavier et à la pédale, par exemple, ou bien sur deux claviers à la fois). Il s'agit donc d'un sorte de tirasse ou d'accouplement sélectif, qui permet de varier les couleurs sonores sans multiplier le nombre de jeux (souvent limité par la taille du buffet).






Alors que les tirasses et les accouplements traditionnels permettent seulement l'ajout de masses sonores non différentiables d'un plan sonore à l'autre, ce système (d'une grande simplicité d'utilisation) offre en plus la possibilité d'un choix raisonné et facile, permettant les mélanges purs et subtils de tous les "condiments et épices sonores" de l'instrument. Toujours dans cette logique, nous ne privilégions pas les accouplements ou tirasses en octaves graves ou aiguës, comme cela s'est beaucoup pratiqué sur les orgues à transmission pneumatique ou électrique à partir de la fin du 19° siècle, parce que nous ne cherchons pas à obtenir des volumes sonores imposants (voire écrasants). Au contraire, nous privilégions la possibilité de faire sonner chaque tuyaux idéalement et de façon appropriée, au sein des mélanges les plus variés.






Certaines personnes pensent que ce genre de système représente une complication rendant les mécaniques moins fiables. Les utilisateurs de nos orgues (35 construits depuis 1985) savent au contraire que cela fonctionne parfaitement, sans difficulté de maintenance. Le seul " inconvénient " de ce système est qu'il demande beaucoup plus de temps de réalisation et de réglage que les autres. Cela nous oblige à un travail acharné, puisque les délais imposés dans les appels d'offres ne prennent en compte ni ce temps supplémentaire de production, ni le temps de recherche que nous passons, par ailleurs, pour trouver des solutions originales à chaque orgue (mécanique, soufflerie, décoration etc..). Pourtant, nous mettons un point d'honneur à respecter les délais de livraison. Mais en conséquence, nous apportons un soin tout particulier à l'entretien de chaque instrument dans les années qui suivent son achèvement, afin de peaufiner tous les aspects sonores et mécaniques, rendant l'instrument le plus parfait possible.






Une autre particularité de nos réalisations, est d'utiliser fréquemment le bois d'épicéa pour la confection des buffets (un bois de lutherie par excellence, le mieux adapté à la résonance sonore). Ces buffets peuvent être peints, ou vernis, parfois décorés à la feuille d'or. Nous disposons d'un important stock de bois d'espèces très variées, qui permettent de personnaliser chaque instrument et de répondre à des choix spécifiques (épicéa fin des Alpes ou de montagne pour les résonateurs des tuyaux, chêne de tavelais de plus de 40 ans d'âge pour certaines parties des tuyaux et de la charpente, vieil épicéa des Vosges ou érable pour les buffets, pins pour certains panneaux, bois fruitiers pour les tirants de registre, etc…).






Bien entendu nous fabriquons nous même toute notre tuyauterie, afin d'en maîtriser parfaitement tous les paramètres et de pouvoir faire des essais pour diversifier sans cesse nos recherches techniques et esthétiques. Nous coulons nos propres alliages, nous martelons les feuilles de métal au laminoir, après les avoir été coulées à l'épaisseur. Nous excluons l'utilisation de plaques rabotées à la machine, ce qui a une influence sur le rendu sonore.






Nous cherchons donc à trouver des solutions originales pour chaque chantier qui nous est proposé, en perpétuant des gestes et des techniques traditionnelles, mais en renouvelant sans cesse notre savoir-faire, pour satisfaire au mieux les envies musicales de nos clients.